La tyrannie des métriques

Auteur: | Jerry Z. Muller |
Editeur: | Éditions Markus Haller, 234 pages. |
ISBN: | 978-2-940427-40-6 |
Prix: | €22 |
Les métriques – ou mesures de performance chiffrées – envahissent de plus en plus d’organisations publiques et privées, de l’enseignement et des hôpitaux jusqu’à la police et la finance. Au lieu de compléter le jugement intelligent et compétent des personnes appelées à prendre des décisions, elles sont souvent utilisées pour définir les finalités même des organisations.
Les effets pervers de cette obsession métrique sont multiples, souligne Jerry Z. Muller. À la place d’acquérir des connaissances, les étudiants s’entraînent à réussir des tests standardisés; pour garder le taux de mortalité bas, les patients à risque ne sont plus opérés dans certains hôpitaux; dans quelques villes, les policiers embellissent leurs rapports, exagérant ainsi le succès de la lutte contre la criminalité; la crainte de ne pas atteindre les quotas exigés pousse certains employés de banque à des opérations frauduleuses.
Dans ce livre, le professeur explique les origines intellectuelles et sociales de l’obsession métrique, analyse les failles récurrentes de l’usage des métriques et montre comment les stratégies d’adaptation ou de contournement produisent régulièrement des conséquences néfastes. Mesurer est souvent nécessaire, mais vouloir remplacer le jugement par l’usage des données quantifiées conduit immanquablement à l’échec. « Certaines choses peuvent être mesurées. Certaines choses méritent d’être mesurées, explique-t-il. Mais ce que l’on peut mesurer n’est pas toujours ce qui mérite d’être mesuré, et certaines mesures n’ont parfois aucun intérêt réel pour nous. Cette pratique peut même présenter moins d’avantages que d’inconvénients. Mesurer inutilement certaines choses, c’est détourner notre énergie des choses qui comptent vraiment. Mesurer peut aussi nous apporter un savoir faussé, c’est-à-dire solide en apparence mais trompeur en réalité. »
Utilisée à bon escient, la métrique peut avoir du bon, nuance Jerry Z. Muller. La transparence aussi. « Mais toutes deux peuvent également déformer, détourner, déplacer, distraire et décourager. Alors que notre époque est obsédée par les mesures, il s’avère que ces mesures sont mal faites, excessives, trompeuses et contre-productives. » Il ne s’agit pas dans ce livre de faire le procès des métriques. « Il s’agit de montrer les effets pervers imprévus qu’entraîne toute tentative de faire passer des mesures de performance standardisées pour un jugement personnel fondé sur l’expérience. Le problème ne tient pas à la quantification, mais à l’excès de quantification et à la quantification hors de propos; le problème ne tient pas aux métriques, mais à l’obsession métrique. »